.                 La civilisation du Burundi précolonial
                 (1600-1903)
Sommaire







 Introduction

I Les institutions politiques

II Les institutions religieuses

      A Le roi sacré, une monarchie sacrée
      B  Une monarchie à caractère théocratique et rituel

III  Les institutions sociales et culturelles

      A  Les institutions sociales

            1 Une société hiérarchisée
            2 L'institution d'"Ubugererwa"

      B Les institutions culturelles

            1 Une culture orale
                a La langue
                b “Ijambo” (parole)  et société
           2 Les formes d'expression artistique
               a La littérature orale
               b L'"Umugani": du conte au proverbe
               c Le chant
               d La musique et les instruments appropriés
               e Une esthétique abstraite

      C La religion

               a La notion d'Imana
                b  les cultes
 

IV Les institutions économiques

      A le droit de propriété dans le Burundi ancien
              1 La propriété foncière
              2 La propriété du bétail

      B La production économique

            1 Une production vivrière dominante
            2 l'élevage
            3 Les activités artisanales

         C Le commerce et les échanges

           1 Les échanges intérieures
           2 Les échanges avec l'extérieur

V Les redevances et les prestations

        A Les prestations générales
      B Les redevances spécialisées
      C Les prestations en travail
 

Introduction
Durant la période précoloniale (1600-1903), le Burundi avait une civilisation raffinée marquée par différentes institutions qui régissaient la vie politique, sociale, économique, religieuse et  culturelle.
I Les institutions politiques
Elles sont le résultat d'un long processus qui s'est opéré à travers le temps et qui se sont progressivement précisées de génération en génération.
Dans la monarchie burundaise ancienne, les institutions politiques étaient liées à la personne du Mwami. Ce dernier était choisi suivant des critères précis: être de la famille royale et naître avec des semences. Il a comme rôle principal d'assurer la continuité de la monarchie. Le roi a un objet attaché à la conservation de la monarchie. Il s'agit du tambour Karyenda. Il symbolise la présence du roi, la paix, l'allégresse, la santé du royaume. D'autre part, qui parle du roi parle aussi de la capitale politique ou centralisation du pouvoir. Mais les résidences ne méritaient pas le nom de capitale tant que le roi n'y séjournait pas.
Dans l'exercice du pouvoir, le roi ne pouvait gouverner seul d'où le mise en place de tout un système d'organisation politico administrative, sociale et économique.
II Les institutions religieuses
Celles-ci sont liées intimement aux institutions politiques et constituent le fondement de la monarchie.
A Le roi sacré, une monarchie sacrée
Le roi est considéré comme un être hors du commun qui se fait grand frère de Kiranga.. Malgré ce mythe religieux développé autour de la personne du roi, il pouvait être soumis au discrédit notamment quand il s’avérait incapable de sauver le pays des calamités ou des menaces extérieures.
B Une monarchie à caractère théocratique et rituel
L'aspect théocratique du pouvoir se retrouve dans la fête annuelle des semailles ( du Muganuro). Le Mwami est soumis à une complexité de rites et apparaît de moins en moins comme le maître absolu du pays. Il est entièrement encadré par des ritualistes Bahutu.
Le temps de l'intronisation révèle notamment cet encadrement mythico-culturel. Les sacrifices, les différents rites observés par le roi font de ce dernier plus un grand initié à la royauté qu'un despote.
A la mort du roi, le peuple observait le deuil pendant un certain nombre de jours. Toutes les activités de production cessaient. Les hommes ne pouvaient plus coucher avec leurs femmes durant le deuil. Les taureaux étaient séparés des vaches. Il fallait l'investiture du nouveau roi pour que les gens vaquent de nouveau à leurs occupations.
Après le choix du candidat, la famille allait passer le deuil dans un autre endroit, un lieu de retraite appelé IHANGARIZO. Les cérémonies d'intronisation débutaient par la traversée de la rivière MUCECE, affluent de la MUBARAZI, au sud-est de la province de Muramvya. Le cortège formé par le roi et les grands dignitaires se dirigeaient dans l'abreuvoir dans la confluence de la MUCECE et de la NYAVYAMO. Un homme du clan tutsi des BAHIRWA enivré d'hydromel était piétiné par des vaches longtemps dans un abreuvoir creusé pour cette occasion. La proclamation du nouveau roi intervenait alors au bord de la NYAVYAMO.
Le roi suivi de son peuple montait au sommet de la colline NKONDO et y plantait un ficus (Ikigabiro). Il se rendait ensuite sur la colline KIVYEYI. A la rentrée dans sa nouvelle capitale, il y avait aussi un autre sacrifice. On tuait un membre du clan hutu des BAHANDA. Son corps était étendu à l'entrée principale de la cour royale , le roi et les grands chefs devaient enjamber la dépouille mortelle.
Les grandes cérémonies d'intronisation étaient ainsi achevées. La fête se prolongeait alors à la cour royale par des festins et des libations. Les grands chefs et les fidèles présentaient au souverain leur allégeance et offraient des cadeaux divers.
III Les institutions sociales et culturelles
ALes institutions sociales
1 Une société hiérarchisée
La plupart des écrits présentent la société burundaise ancienne comme une société stratifiée où les Tutsi, assimilés aux hamites, ont les rênes du pouvoir et s'occupent de l'élevage. Les Hutu, majoritaire sur le plan démographique; assimilés aux bantu et soumis s'occupent de l'agriculture tandis que les Batwa , pigmoïdes sont des chasseurs 2 . Cette vision caricaturale a été véhiculée par la littérature coloniale, d'où l'explication des guerres "tribales" hutu-tutsi à travers les média et les groupes de pression.
En réalité, ces "ethnies" cohabitaient pacifiquement depuis l'existence de la monarchie et certains groupes lignagers parmi les Hutu et les Tutsi avaient des fonctions attitrées à la cour.
D'une manière générale, deux groupes se dégageaient du point de vue social et matériel. Il y avait une minorité qui luttait pour le pouvoir et ses avantages et la masse constituant les groupes variés de la population.
Cette minorité est constituée de l'aristocratie ganwa et d'un certain nombre de familles issues des autres ethnies. Elle était la plus privilégiée politiquement et socialement et dominait une masse de paysans aux activités multiples: agricoles, pastorales ou artisanales.
2L'institution d'"Ubugererwa"
L'“ubugererwa” se définit comme une relation socio-économique où la propriété de la terre était donnée en cadeau sur demande d'une personne. C'est une sorte de contrat entre le patron “Shebuja” et le client “le Mugererwa” qui crée les obligations pour les deux parties.
Le “Mugererwa” doit exploiter les domaines agricoles, garder les vaches, construire une étable, chercher des cristaux de sel. Il ne peut jamais céder ou vendre un morceau de terre reçu du patron.
Quant au “Shebuja”, il devait marier son client, lui faire des cadeaux de vaches, le protéger contre toute poursuite judiciaire, le protéger contre toute poursuite judiciaire, lui augmenter un morceau de terre en cas de nécessité. L'“Umugererwa” pouvait se marier sans le consentement
du patron.
B Les institutions culturelles
Une culture orale
a La langue
Instrument fondamental de l'unité nationale, le Kirundi est parlé par toutes les populations. Malgré quelques variantes régionales, tout le monde arrive à se parler et à se comprendre. Son écriture est également la même pour tous les Barundi.
b“Ijambo” (parole) et société
La parole au Burundi et en Afrique en général est force et à valeur d'acte. Elle est un facteur d'intégration ou de désintégration sociale. La plupart des manifestations sociales (mariages, décès, investiture d'un Mushingantahe) sont marquées par ceux qui sont concernés par les discours de circonstance. Les paroles prononcées font partie des comportements imposés par la population.
2 Les formes d'expression artistique
Il existait plusieurs formes d'expression artistique dans le Burundi ancien: la littérature orale, le  proverbe, le chant, la musique, le tambour, l'esthétique abstraite.
a La littérature orale
A travers l'expression orale, l'on voit apparaître des procédés qui donnent une forme esthétique au discours tout en favorisant la mémorisation. Le Murundi qui éprouve une passion dans la narration arrive à réciter selon les règles plus ou moins souples de véritables textes oraux. Cette production culturelle se distingue par des figures de style comme la comparaison ou la métaphore.
b L'"Umugani": du conte au proverbe
Le terme "umugani" qui renvoi au verbe "kuganura" distingue en même temps les légendes, les mythes, les proverbes et les dictions.
Le proverbe est souvent le cumul d'un conte, un rappel évocateur d'une tradition historique à faire réfléchir. Plus généralement, le terme "umugani" a une double signification. D'une part, il a une signification fictive, un récit qui fait travailler l'imagination et d'autre part, il implique une dose  de vérité et de leçon morale.
Dans le conte, on met en scène les animaux, les personnages humains, des monstres évoluant dans un univers mythique et légendaire. Le conte remplit à la fois une fonction récréative et une fonction éducative. On punit les méchants, les bons triomphent et l'amitié remporte sur la brutalité et la haine. Les vertus fondamentales sont exaltées: l'entraide, la bravoure, la fidélité à la parole donnée.
c Le chant
Il se présente sous forme de versets entrecoupés d'un refrain cours. Il fait référence à des situations précises, variables selon les types de chansons. La mélodie est simple, rythmée et soutenue quelquefois par les battements de mains et de pieds.`
Les chants sont en général liés aux grands moments de la vie sociale et familiale. Le mariage, la naissance des jumeaux, les veillées familiales, l'investiture d'un Mushingantahe, la célébration du culte de Kiranga.
Certains chants accompagnés de tâches individuelles et collectives sont liées aux métiers ou aux activités spécialisées: la chasse, pêche, apiculture, forge ou encore des chants féminins liés à des activités domestiques: barratage, pilage, travail de la pierre à moudre (urusyo) et souvent des chants sont caractérisés par des formules et par un vocabulaire particulier.
d La musique et les instruments appropriés
Les hommes du Burundi ancien avaient une variété d'instruments musicaux: la cithare (Inanga), la flûte (umwironge) accompagnée parfois par des chants pastoraux, (ibicuba).
Quant aux différents cors (Inzamba) faits en corne de vache, de zèbre ou d'antilope, ils sont utilisés soit à la chasse, soit pour accompagner des guerriers (intore).
Le tambour, comme dans la grande majorité des royaumes des grands lacs incarnait le pouvoir et n'était battu qu'en certains hauts lieux à certains moments circonstanciels. Taillé par un groupe de "Batimbo" dans un arbre appelé "Umuvugangoma", le tambour reflète le niveau de la dénomination des ses différentes parties en termes de fécondité: nombril, ventre, seins. Le son du tambour relève une sonorité rythmique et gestuel fascinante.
e Une esthétique abstraite
D'une manière générale, il n'existe pas au Burundi ou en Afrique orientale d'art figuratif: pas de sculpture, pas de dessins d'êtres vivants ou d'animaux. Il existe l'art décoratif et il consiste en motifs géométriques: lignes, cercles, triangles, ondulations ou zigzags. Les objets les plus artistiques sont les paniers de toutes sortes auxquels on ajoute des dessins faits sur la poterie, les calebasse, pots de lait, en bois...
C La religion
a La notion d'Imana
Ce terme désigne la puissance d'un être tout puissant, une puissance divine ainsi que de diverses manifestations: c'est le mouton, la bergeronnette, les bosquets sacrés. Dans la vie quotidienne des gens, Imana, Dieu, était énigmatique. Il était le dispensateur de tous les bienfaits mais aussi celui qui permettait toutes les afflictions.
b Les cultes
Plusieurs cultes existaient dans le Burundi traditionnel qui permettaient aux hommes de se rapprocher du sacré, soit de se prémunir: culte familial ou lignager rendu aux esprits des défunts, rituel des fertilités, culte initiatique du Kubandwa, actions diverses des spécialistes devins  (abapfumu), pluviators (abavurati) capables de mettre en action les forces de l'au-delà. Entre tous les aspects de la religion, on remarque une véritable interpénétration.
Pour les Barundi, Kiranga1 constituait l'incarnation de l'esprit du Kubandwa. Il préside la plupart des rites. L'on utilise un langage ésotérique (imborogoto), on
chantait, on dansait. Certains gestes liturgiques se retrouvaient dans les autres cultes: offrande de la bière de sorgho non fermentée (umubira), aspersion médicale (gotota). Il faut ajouter à cela l'utilisation des objets symboliques: hochets de calebasse (inyagara), lance de métal, auge en miniature destiné aux offrandes, guirlande de momordique (umwishwa) comme marque de sacralité.
Ainsi, les différents aspects de la religion burundaise mettaient enjeu le même fond symbolique et participaient d'une même vision du monde.
IV Les institutions économiques
A le droit de propriété dans le Burundi ancien
La propriété foncière et le bétail constituaient des biens de grande valeur pour le Burundi. En effet, l'agriculture et l'élevage étaient les principales activités de la population. Ces activités assuraient un approvisionnement régulier des produits vivriers de la cour du roi et du chef. Ainsi, la terre et le bétail constituaient un enjeu important.
1 La propriété foncière
Dans la société traditionnelle, la propriété foncière et l'autorité se confondaient. En effet, la croyance populaire faisait du pays un fief incontesté du roi. De ce fait, les biens lui revenaient de droit. Mais, celui-ci était plus nominal que réel car les terres étaient exploitées par les Banyagihugu, les véritables propriétaires.
Comme le roi, les Baganwa jouissaient aussi du droit d'expulsion des sujets ayant commis de graves infractions (envoûtement, le fait d'entrer dans la maison de sa nièce, cas de vols de vaches...)
Néanmoins, si les Baganwa ou les "Ivyariho" bénéficiaient du droit d'expulsion, se permettaient des exactions de toute nature en opérant des réquisitions intenses de bétail ou de propriété, des expropriations exagérées ou en rendant de mauvais jugements, ils pouvaient être destitués par le roi.
2 La propriété du bétail
Comme pour la terre, le roi était également possesseur et propriétaire attitré du bétail sur le territoire national. Les immenses troupeaux de ses enclos et les domaines à vocation
pastorale contribuaient à rehausser son prestige. Dans l'exercice de ses droits, le roi pouvait réquisitionner du bétail en cas de passage d'une épizootie. Selon la croyance populaire, celui qui donnait son bétail involontairement ou non , trouvait dans le geste un honneur pour lui. Les vaches fournies au roi étaient appelées "Inkuka". Le cheptel royal était aussi alimenté par des cadeaux des chefs , des dons de simples citoyens et des confiscations.
B La production économique
1 Une production vivrière dominante
La production végétale à vocation vivrière constituait la base de l'économie traditionnelle. Cette économie se distingue par la diversité et la complémentarité nutritionnelle de production végétale: céréales (éleusine, sorgho), tubercules (ignames, coleus, colocases) petit pois, manguier, canne à sucre, riz tardivement introduits. Les bonnes conditions climatiques permettaient l'augmentation de la production.
2 l'élevage
Les activités pastorales étaient importantes. Il existait un cheptel de bovins, d'ovins et de caprins appartenant aux agriculteurs éleveurs qui jouaient un rôle indissociable de l'activité agricole notamment dans la production du fumier.
Les bovins jouaient aussi un rôle dans la consolidation du pouvoir central. Cette consolidation du pouvoir central s'exprimait par la richesse du roi et des chefs en gros bétail distribués à la masse sous forme de cadeaux et de dons divers.
Les autres activités comme la pêche et la chasse sont restées longtemps marginales, soit localisés dans le temps ou dans l'espace, soit limitées par des considérations culturelles (interdits alimentaires).
3 Les activités artisanales
L'artisanat produisait la plus grande partie d'objets utilisés par la population dans la vie quotidienne (vannerie, objets en bois, habits de ficus).
Certaines productions étaient réservées aux spécialistes car elles nécessitaient un savoir-faire, voire un apprentissage comme la construction des huttes, le travail de l'écorce de ficus.
A côté de ces productions, l'on avait la forge et la poterie qui étaient de véritables métiers. La forge était exercée par les Bahutu tandis que la poterie était réservée aux Batwa.
C Le commerce et les échanges
1 Les échanges intérieures
Les Barundi pratiquaient peu de commerce mais faisaient beaucoup d'échanges locaux et régionaux des produits vivriers et artisanaux. Ces échanges se faisaient sous forme de troc et il n ' y avait pas de marché.
Pour les produits vivriers et artisanaux courants, les échanges s'opéraient principalement entre le Mugamba et le Bututsi et l'Imbo. Ces échanges sont le résultat d'une production différenciée due à des facteurs pédologiques et climatiques. Ils avaient la forme de réciprocité ou d'une complémentarité alimentaire.
Pour les produits durables (poterie, écorce de ficus) ou pour les services (guérisseurs,  vétérinaires) s'instauraient des pratiques qui respectaient les normes du troc. Les unités de compte étaient évaluées en têtes de bétail, houes, en unités de capacité. Comme un panier de vivres ou une cruche de bière à des temps de travail.
2 Les échanges avec l'extérieur
Le Burundi est reste isolé du reste des échanges à longue distance qui s'effectuaient à l'Est de l'Afrique, au Buha et au Kararwe ou dans la plaine du lac Tanganyika. Mais vers la fin du XIXes, le commerce à longue distance commence à toucher le Burundi par le biais des colporteurs "ABAYANGAYANGA" de l'Imbo, du Kumoso et du Buragane entrés en contacts avec les réseaux commerciaux, soit est-africain (celui des BANYAMWEZI), en actuelle Tanzanie soit centre-équatorial (celui des LUNDA du KAZEMBE), en actuel Congo Démocratique.
Ce trafic portait sur les objets de parure en forme de croissant de lune ou de demi-cône à base de coquillage de la perle rouge) ou des bracelets de cuivre rouge ou jaune. Le sel, bien que produit localement au Burundi (extrait de la terre salée en basse Rusizi ou sel végétal dans la plupart des régions) était également concerné par ce trafic car, une grande quantité de sel consommé venait du Kumoso et plus lois, du Buha et du Buvinza.
V Les redevances et les prestations
Il a été mentionné plus haut que le Mwami avait le droit de possession nominale sur tout ce qui se trouvait sur son territoire mais dans la pratique, ce droit était plus théorique que réel. Le Mwami et les Baganwa avaient en effet leurs propres terres et troupeaux distincts des propriétés de leurs sujets. Cependant, ces derniers étaient tenus à fournir certaines prestations en nature, une sorte d'impôt prélevé sous diverses formes en vue du fonctionnement normal de l'Etat monarchique.
D'une manière générale, on peut relever des prestations de produits agricoles, d'élevage et artisanaux.
A Les prestations générales
Chaque année, une part de récolte devait être acheminée vers les greniers des autorités royales ou des princes. Ce tribut prenait la forme de paniers de grains de sorgho, de vivres, de cruches de bière que des groupes familiaux devaient fournir à l'occasion de la fête nationale du Muganuro.
Les autres autorités locales avaient le droit de prélever une partie. Les possesseurs de bétail fournissaient de leur part une vache par lignage.
Par ailleurs, des cade auxdits de contrainte étaient donnés en vue d'entretenir de bons rapports avec les dirigeants. Les cruches de bière appelées "IBITURIRE", les vaches dites "INGORORE", pouvaient être données pour avoir un nouveau lopin de terre, un droit de pâture pour la fête d'investiture d'un nouveau chef pour régler une amende.
B Les redevances spécialisées
Il s'agit des redevances liées à des groupes spécialisés dans la production des produits de l'artisanat ou la récolte des produits rares (perle, coquillage, ivoire...). Les denrées artisanales (houes, pierres, nattes...) étoffes de ficus (Umumanda), paquets de sel... Tout l'ensemble du pays était concerné par cette redevance ou contribution.
C Les prestations en travail
Une main-d'oeuvre était nécessaire pour travailler dans les domaines agricoles royaux ou des chefs. Elle devait aussi entretenir les vastes enclos de bétail. Les responsables de l'intendance devaient rentrer les céréales, des haricots, des courges, des colocases dans des grands greniers prévus pour cela et qui servaient surtout à entretenir des personnes résidant en permanence à la cour. Il est à souligner que certains vivres se transformaient en redistribution et en festins.
Les gros travaux étaient assuré par des cultivateurs recrutés sur le domaine du roi (Ivyibare). La rotation au sein des lignages faisait que les corvées ne devaient pas dépasser une moyenne de quelques jours par an et par cultivateur.
1D’après le professeur Faustin Rutembasa, “le culte de Kiranga consistait à demander par l’intermédiaire de cet esprit des faveurs d’Imana (Dieu). Il était pratiqué soit publiquement soit soit dans un cadre restreint lors des occasions suggérées par diverses nécessités telles que l’initiation des ministres de ce culte , l’hommage pour faveurs obtenues, la naissance des jumaux, le temps des semailles ou des récoltes, la guérison de certaines maladies particulièrement rebelles aux remèdes...La cérémonie elle même comprenait une diversité de rites parmi lesquels les paroles incantatoires, les invocations, la prise de possession, les chants et les danses , la consommation des offrandes ou le repas festif.
(Voir Faustin Rutembesa: le regard missionnairesur la religion traditionnelle (1898-1948) in “Relecture des écrits sur le Burundi. Nouvelles perspectives de recherche;  Etudes réunies et présentées par Tharcisse Nsabimana, université du Burundi, juin 1994 pp 31-50
2 Voir :Site Rugamba, “le Burundi préhistorique”