1. Nous, Evêques de l’Eglise Catholique du Burundi, non seulement avons entendu, comme les autres Burundais, de l’ordonnance ministérielle qui demande aux Burundais une contribution pour les élections de 2020, mais l’avons aussi lu. Nous avons noté que les confessions religieuses figurent aussi parmi le catégories requises de donner cette contribution. Alors qu’ils s’interrogent sur les modalités à suivre à cet effet, plus d’un nous demandent notre position comme Eglise Catholique.
2. En tant que tels donc, nous voudrions exprimer notre position pour que ceux qui sont chargés de collecter cette contribution sachent comment nous sommes organisés dans notre Eglise, et que ceux dont nous avons la charge sachent bien comment s’y prendre.
3. Nous commençons par préciser que notre grande contribution pour la nation n’est pas de nature financière, mais elle consiste à œuvrer pour le salut des âmes, pour l’édification de la paix, pour la réconciliation et pour que toute personne humaine soit respectée dans sa dignité.
4. Quant à ce qui est de la contribution financière demandée à tous y compris les confessions religieuses, il est important que tout le monde sache que toute contribution demandée à l’Eglise Catholique comme famille, ne peut l’être qu’au niveau du Diocèse. En effet, l’Eglise Catholique est à aborder à ce niveau parce que c’est là que se trouve son représentant légal qui est l’Evêque diocésain. Et, dans le Diocèse, l’Eglise Catholique est constituée de paroisses, de communautés religieuses, des œuvres caritatives comme les Centres de santé, les Ecoles, les Orphelinats, les Hospices pour handicapés ou personnes âgées, etc...
5. S’il faut donner une contribution financière, nous le faisons comme famille par l’intermédiaire de l’Evêque diocésain. S’il s’agit d’une contribution nationale, les Evêques se concertent au sein de la Conférence Episcopale et estiment dans quelle mesure ils peuvent contribuer, conformément au principe de l’unité qui caractérise l’Eglise.
6. Il importe également de comprendre que les membres de cette famille qu’est l’Eglise Catholique constituent la majorité de ceux-là même à qui le Gouvernement demande les contributions. C’est de ceux-là qui sont en train de contribuer individuellement que proviennent les moyens financiers sur lesquels elle compte pour donner sa contribution.
7. A considérer les dispositions de l’ordonnance ministérielle en question, elles fixent un montant pour certaines catégories. Mais nous sommes inquiets au regard de ce que nous constatons dans la collecte de cette contribution : il y a des gens qui sont malmenés et sont forcés à contribuer deux fois et même trois fois, alors qu’ils n’ont pas beaucoup de moyens.
8. Par ailleurs, étant donné que tout projet important suppose des prévisions, nous estimons qu’il serait mieux que ceux qui sont chargés de coordonner la collecte de cette contribution commencent par déterminer le montant total à collecter et qu’au fur et à mesure ils indiquent la somme déjà obtenue et montrent ce qui reste encore à rassembler ; de cette manière, chacun donnerait sa contribution, selon ses moyens ; conscient du pas déjà franchi.
9. Nous concluons cette déclaration en réitérant que, pour ce qui est de l’Eglise Catholique, cette contribution ne peut être demandée qu’à l’Evêque qui, seul, représente le Diocèse devant la loi. Nous demandons alors qu’il y en ait pas qui aille la réclamer de quelque autre institution ou œuvre appartenant à l’Eglise Catholique.
Fait à Bujumbura, le 10 avril 2018.
(Signé) Vos Evêques de l’Eglise Catholique du Burundi
Joachin Ntahondereye, Evêque de Muyinga et Président de la Conférence Episcopale de l’Eglise Catholique du Burundi ;
Evariste Ngoyagoye, Archevêque de Bujumbura et Vice-président de la Conférence Episcopale de l’Eglise Catholique du Burundi
Simon Ntamwana, Archevêque de Gitega
Gervais Banshimiyubusa, Evêque de Ngozi
Venant Bacinoni, Evêque de Bururi
Bonaventure Nahimana, Evêque de Rutana
Blaise Nzeyimana, Evêque de Ruyigi
George Bizimana, Evêque de Bubanza.