Gitega, le 21 octobre 2020 (Net Press) . Le 21 octobre de chaque année, le Burundi et l’Afrique commémorent trois événements importants. Au Burundi d’abord, le peuple se souvient des 27 ans qui viennent de s’écouler après l’assassinat du président Melchior Ndadaye. De son côté, l’association de lutte contre le génocide, A.C.Génocide - Cirimoso, organise une semaine d’information et de réflexion sur le génocide commis contre les Tutsi à partir d’octobre 1993. Et au niveau de l’Afrique, l’on célèbre la journée africaine des droits de l’homme et des peuples.
Commémoration du 27ème anniversaire de l’ancien président Melchior Ndadaye
Les cérémonies ont débuté par une messe en sa mémoire célébrée à l’église Saint Michel par l’archevêque de Bujumbura, Mgr. Gervais Banshimiyubusa. Dans son homélie, il est revenu sur les qualités de l’illustre disparu, s’interrogeant sur le jugement que Ndadaye porterait sur les Burundais s’il revenait à la vie. Aurions nous avancé en démocratie, fait marche sur place ou reculé ? S’est-il demandé.
Il a conseillé à ceux qui étaient à la messe de suivre le bon exemple de feu Melchior Ndadaye en matière de démocratie. L’on saura que la messe avait été rehaussée par le président de la République, Evariste Ndayishimiye et d’autres dignitaires de ce pays.
Les cérémonies se sont poursuivies au palais des martyrs où reposent feu Melchior Ndadaye et ses proches collaborateurs. Les invités ont déposé des gerbes de fleurs sur les tombes du président Melchior Ndadaye, du martyr inconnu et d’autres victimes qui étaient ses proches collaborateurs.
Après le dépôt par le couple présidentiel, ont suivi ceux des missions diplomatiques et consulaires affectées au Burundi, de la famille de feu Melchior Ndadaye, des contemporains, des partis politiques Cndd-Fdd, Frodebu et Uprona. Après, les participants aux cérémonies ont écouté le discours prononcé par le président Ndadaye au lendemain de sa victoire, le 2 juin 1993.
Qui était Melchior Ndadaye ?
Il est né le 28 mars 1953 à Murama, dans la commune de Nyabihanga, dans la province actuelle de Mwaro, de père Pie Ndadaye et de mère Thérèse Bandushubwenge. Il était marié à Laurence Nininahazwe et de cette union, il a eu trois enfants. Il a fréquenté l’école normale de Gitega qu’il a dû quitter en 1972 pour se réfugier au Rwanda.
C’est là où il a parachevé ses études secondaires et universitaires. Il fut enseignant avant de poursuivre des cours de banque à l’institut des techniques de banque du conservatoire national des arts et métier en France.
En date du 3 janvier 1976, il a participé à la création du mouvement des étudiants progressistes Barundi au Rwanda (Bampere), dont il deviendra président trois ans plus tard. En 1979, ce fut le tour de la création du parti des travailleurs du Burundi (Ubu) mais il le quittera en 1983 pour divergences des vues sur les stratégies à adopter pour le renforcement du mouvement démocratique au Burundi.
En 1986, le Frodebu fut créé et travaille en clandestinité jusqu’en 1991 et le présidera jusqu’à sa victoire aux présidentielles et législatives du 1er et du 29 juin 1993. La suite est connue après les premières élections au suffrage universel d’après l’indépendance de ce pays. L’on saura que lors des élections, les autres candidats étaient Pierre Buyoya, le président sortant et Pierre Claver Sendegeya
Le 21 octobre, l’association Ac Génocide Cirimoso organise une semaine d’information et de réflexion sur le génocide
Cette année, pour la première fois en 27 ans, les autorités politiques de Gitega ont empêché l’association de lutte contre le génocide de se rendre à Kw’Ibubu, dans la commune de Kibimba, province de Gitega, au Centre du pays, où reposent une centaine d’élèves et enseignants tutsi, tués juste à l’annonce de l’assassinat du président Melchior Ndadaye.
A cette occasion, l’association Ac génocide - Cirimoso et l’association pour la réconciliation et la gestion des mémoires des blessés ont lancé un communiqué à l’intention de l’opinion nationale et internationale. Elles informent qu’elles travaillaient sur les derniers préparatifs des cérémonies pour commémorer le 27ème anniversaire du génocide qui a emporté des élèves tutsi et des enseignants du lycée de Kibimba quand, soudain, une communication téléphonique avec le gouverneur de province de Gitega, a informé que ces cérémonies de commémoration sont, en l’état actuel des choses, interdites pour des raisons de sécurité.
Les deux associations rappellent que chaque personne humaine a le droit de s’acquitter du devoir de mémoire et regrettent que ce droit leur ait été refusé. Pourtant, rappellent-elles, les cérémonies interdites concernent, non seulement les victimes fauchées par le génocide déclenché le 21 octobre 1993, mais aussi les victimes des crimes de guerre et d’autres crimes contre l’humanité, souvent commis dans le sillage du génocide.
Elles trouvent que le site mémorial de Kibimba, au lieu-dit Kw’Ibubu, est un lieu profondément symbolique pour le public burundais en général et pour les survivants du génocide, les parents des victimes, les associations des victimes ainsi que leurs amis et sympathisants. Aussi, elles dénoncent la partialité et la discrimination en matière de commémoration.
Rappelons qu’en date du 19 septembre 2020, l’association de lutte contre le génocide Ac Génocide - Cirimoso, avait saisi le secrétaire général de l’Onu, à l’occasion de la visite dans notre pays de Mme Bintou Keita, sous secrétaire générale des Nations unies pour l’Afrique, avec comme objet "mémorandum sur la situation actuelle prévalant au Burundi. Voir l’intégralité de son contenu sur http://www.netpress.bi, rubrique "Tribune".
Le 21 octobre, la journée africaine des droits de l’homme et des peuples
D’après une communication de l’Ong Amnesty International, en Afrique, les organes régionaux de protection des droits humains luttent pour faire respecter les droits face à des vents politiques contraires. La rédaction livre l’intégralité de ce communiqué à l’occasion de cette journée.
" Pour la deuxième année consécutive, Amnesty International constate que les gouvernements africains mettent en grand péril les organes régionaux de protection des droits humains, en ne respectant pas leurs décisions, en ignorant leurs appels urgents, en omettant de leur signaler des situations relatives aux droits humains au niveau national et en les privant des ressources dont ils ont désespérément besoin pour fonctionner. En outre, les gouvernements ont négligé les droits des personnes souffrant de handicaps et des personnes âgées en ne ratifiant pas les traités ayant trait à leur protection.
" Dans la deuxième édition de la Situation des organes et mécanismes régionaux de protection des droits humains en Afrique – 2019-2020, publiée à l’occasion de la Journée africaine des droits de l’homme et des peuples, Amnesty International écrit que les mécanismes établis pour garantir les droits fondamentaux à travers le continent sont confrontés à d’énormes défis et que l’existence de l’un d’entre eux est même menacée.
« Étant donné l’ampleur des violations flagrantes des droits humains perpétrées sur le continent africain, les organes régionaux de protection des droits humains jouent un rôle crucial pour ce qui est de garantir justice et obligation de rendre des comptes, a déclaré Netsanet Belay, directeur de la recherche et du plaidoyer au sein d’Amnesty International.
« Ces mécanismes doivent être protégés et pleinement soutenus. Ce sont des moyens essentiels pour les citoyen•ne•s d’avoir accès à la justice et à des recours utiles lorsque les systèmes nationaux sont compromis ou inadaptés. »
" Le rapport d’Amnesty International examine et analyse les activités et les résultats des organes africains de suivi des traités relatifs aux droits humains : la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (Commission africaine), le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (CAEDBE) et la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (Cour africaine).
" Crise existentielle à la Cour africaine des droits de l’homme
" Le rapport tire la sonnette d’alarme : l’avenir de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples est menacé par les décisions de trois gouvernements – le Bénin, la Côte d’Ivoire et la Tanzanie – de supprimer le droit des particuliers et des ONG de saisir directement la Cour. Le Rwanda a supprimé ce droit en 2016, portant à quatre le nombre de pays qui restreignent désormais l’accès à cette voie vitale vers la justice.
" Amnesty International a conclu que le Bénin, la Côte d’Ivoire et la Tanzanie ont supprimé cette possibilité de saisine directe en réaction à des décisions perçues comme défavorables et dans un contexte d’intolérance croissante vis-à-vis des défenseur•e•s des droits humains et de détérioration générale de la situation des droits humains à l’échelle nationale.
" La Tanzanie l’a supprimée en novembre 2019, affirmant de manière erronée que la Cour avait traité des questions qui étaient du ressort des juridictions nationales. Le Bénin et la Côte d’Ivoire l’ont supprimée en mars et avril 2020 respectivement. Le Bénin s’est opposé à un arrêt de la Cour ordonnant de suspendre la saisie des biens d’un demandeur dans le cadre d’un litige avec une banque, faisant valoir que cet arrêt nuisait aux intérêts économiques et à la stabilité politique du pays. Quant à la Côte d’Ivoire, elle n’a pas apprécié la décision de la Cour de suspendre un mandat d’arrêt international émis contre l’ancien Premier ministre Guillaume Soro et de libérer sous caution 19 opposant•e•s placés en détention, clamant que la Cour empiétait sur sa souveraineté.
« Il est très préoccupant que ces pays aient décidé de riposter contre la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples concernant des décisions sur lesquelles ils sont en désaccord. Les États africains ne devraient pas faire usage de la puissance politique contre des institutions dont l’objectif même est de garantir l’accès à la justice pour tous, quelle que soit la politique de leur gouvernement », a déclaré Netsanet Belay.
" À ce jour, la Cour africaine a rendu, et de loin, la plupart de ses arrêts contre la Tanzanie. En outre, ce pays est celui qui a le plus grand nombre d’affaires en instance devant la Cour, la plupart ayant trait au droit à un procès équitable.
" Le Burkina Faso est le seul pays à s’être pleinement conformé aux arrêts de la Cour africaine. La Tanzanie n’y a que partiellement donné suite, tandis que la Côte d’Ivoire a présenté à la Cour un rapport de suivi. Le Bénin, le Kenya, la Libye et le Rwanda, contre lesquels des jugements ont été émis, n’ont pas obtempéré du tout, certains faisant valoir avec insolence qu’ils ne se plieraient pas aux ordonnances et aux arrêts de la Cour.
" Mauvaise note pour le respect et la coopération
" Amnesty International a mis une mauvaise note au niveau du respect global par les États africains de leur obligation de présenter des rapports à la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples. Au 30 juin 2020, seuls six pays avaient présenté leurs rapports périodiques, comme l’exige la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Six États – les Comores, la Guinée équatoriale, la Guinée-Bissau, Sao Tomé-et-Principe, la Somalie et le Soudan du Sud – n’ont jamais soumis de rapport.
" Les gouvernements n’ont répondu qu’à 4 des 14 appels urgents adressés par la Commission africaine au sujet d’allégations de violations des droits humains. La plupart des appels urgents émis (57 %) étaient des interventions au nom de défenseur•e•s des droits humains. Cependant, on ignore si les quatre réponses reçues prenaient réellement en compte les allégations ou ne faisaient qu’accuser réception des communications de la Commission.
" Dans son rapport, Amnesty International relève que de nombreux gouvernements africains ont imposé une série de mesures afin de faire face à la pandémie de COVID-19, bien souvent appliquées à coups de recours excessif à la force, d’arrestations ou de détentions arbitraires, de restrictions de l’espace civique et d’un déni général du droit de solliciter l’asile.
« Les effets néfastes du COVID-19 exacerbent les problèmes des trois organes africains de défense des droits humains, qui souffraient déjà du manque de finances et de ressources. Malgré tout, ils ont fait preuve de progrès et d’innovation dans certains domaines de leur travail, offrant un contraste saisissant avec la stagnation et la régression qui a prévalu dans d’autres », a déclaré Netsanet Belay.
" Personnes souffrant de handicaps et personnes âgées
" Amnesty International a été choquée de constater que pas un seul État membre de l’Union africaine n’a encore ratifié le Protocole relatif aux droits des personnes handicapées en Afrique, deux ans après l’adoption de ce traité. De même, presque cinq ans après l’adoption du Protocole relatif aux droits des personnes âgées en janvier 2016, seuls deux pays, le Bénin et le Lesotho, l’ont ratifié.
« La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples célèbrera ses 40 ans en 2021. Il est décevant de constater qu’un si grand nombre de gouvernements n’ont pas encore traduit leurs paroles en actes concrets en soutien aux organes et instruments régionaux de protection des droits. Il est grand temps que les États membres de l’Union africaine mettent en pratique leurs engagements affichés envers les droits humains, notamment en accélérant la ratification, l’intégration dans la législation nationale et la mise en œuvre de tous les instruments régionaux de protection des droits humains », a déclaré Netsanet Belay." J.M.
Burundi - Sécurité
Une personne morte et une autre blessée lord d’un coup de foudre !
Ruyigi, le 21 octobre 2020 (Net Press) . Elles s’appellent Jeanne Niyonkuru, âgée de 14 ans et Chantal Manirakiza, âgée de 16 ans, toutes élèves à l’école fondamentale Kirungu, colline Kirungu, commune de Nyabitsinda, en province de Ruyigi, à l’Est du pays. Elles ont été foudroyées ce mardi vers 13 heures.
Jeanne Niyonkuru est morte sur le champ tandis que Chantal Manirakiza a été grièvement blessée et elle a été évacuée manu militari au centre de santé de Nyabitsinda. Selon le porte parole au ministère de l’intérieur de la sécurité publique et le développement communautaire, Pierre Nkurikiye, le corps sans vie de Jeanne Niyonkuru a été évacué à la morgue de ce centre de santé de Nyabitsinda. N.R.
Burundi - Justice
Les journalistes du journal Iwacu commémorent leur 1er anniversaire en prison
Bubanza, le 21 octobre 2020 (Net Press) . Dans 24 heures, les journalistes du groupe de presse Iwacu, Agnès Ndirubusa, Christine Kamikazi, Térence Mpozenzi et Egide Harerimana, vont célébrer leur premier anniversaire d’emprisonnement dans la maison de détention de Bubanza, à l’Ouest du pays.
Tout a été dit sur ces journalistes, la plupart des analystes estiment qu’ils ont été emprisonnés pour avoir fait leur métier et que donc leur place est dans la rédaction et non dans la geôle. Pour les autres, ils ont déjà purgé le quart de peine et qu’ils devraient bénéficier d’une liberté provisoire. Et au cas où ils seraient maintenus en prison pour défaut de paiement d’amende, la justice burundaise devrait le dire pour qu’il y ait réaction de leurs familles biologique et professionnelle. N.B