A l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai, Mme Diane Ndose a bien voulu accorder une interview à la rédaction de Net Press malgré son calendrier très chargé.
Diane Ndonse au siège de la Radio Trans Equatoriale dont elle est correspondante.
N.P. Depuis quand l’association que vous présidez existe ?
D.N. Je commencerai par une présentation de l’AFJO et les raisons de sa création. L’Association Burundaise des Femmes Journalistes, (AFJO) a été créée en novembre 1996 par des femmes/filles journalistes du Burundi. Elle a été agréée en février 1997 par l’Ordonnance Ministérielle N°530/094 du 26 février 1997.
Les membres de l’AFJO proviennent de la presse publique et privée, des médias écrits et audiovisuels. En créant l’association, les membres étaient convaincues que, réunies en association, elles peuvent mieux œuvrer pour la promotion de la femme burundaise en général, et de la femme journaliste en particulier et ainsi contribuer à l’émergence d’une société paisible et prospère.
La communication et les médias constituent, pour l’AFJO, des éléments fondamentaux de la cohésion sociale, d’intégration régionale et de développement socioéconomique. La cohésion sociale et le développement n’est possible qu’avec la mobilisation générale des médias en faveur de cet objectif.
L’AFJO est l’une de ces Organisations de la Société Civile (OSC) qui souhaitent qu’il y ait équilibre entre la plus grande liberté d’information et d’opinion pour les médias et la plus grande responsabilité individuelle et collective des médias et des journalistes pour atteindre l’objectif de cohésion sociale et de développement socioéconomique.
Vision de l’AFJO
A propos de la vision de l’AFJO, la Présidente Ndonse précise qu’il s’agit d’une société paisible et prospère où les femmes et les hommes jouissent pleinement et équitablement des droits sociaux, culturels, économiques et politiques.
Mission de l’AFJO
Il s’agit de Défendre et de promouvoir les droits des femmes en général et ceux des femmes des médias en particulier à travers les actions de communication, dans le but de contribuer au plein épanouissement des hommes et des femmes et à un développement juste et durable de la société.
Valeurs fondamentales de l’AFJO
Il s’agit de la solidarité, du respect, du dialogue, le professionnalisme et l’équité. Et de préciser que l’Association des Femmes Journalistes est dans une année jubilaire. Le 11 mars dernier, elle a fêté 25 ans de l’AFJO.
N.P. Pouvez-vous tenter de donner son bilan ?
D.N. Concernant les réalisations, l’AFJO est engagée depuis plus de vingt-cinq ans dans la promotion des droits des femmes en général et les droits des femmes journalistes en particulier, à travers les actions de communication et des médias. Elle a contribué notamment à la formation des journalistes sur le genre dans les médias, à la production médiatique pour et/ou par la femme, au plaidoyer et communication pour améliorer l’image et la place des femmes dans les médias, au renforcement des partenariats pour la prise en compte du genre, à la lutte contre les violences basées sur le genre, à la consolidation de la paix et à la promotion du leadership féminin.
N.P. Au niveau de l’aspect genre, qu’est l’état des lieux dans les différentes rédactions que vous connaissez ?
D.N. Nous n’avons pas de chiffres actualisés, mais de façon globale, les femmes sont sous représentées dans les médias. D’après les données du Conseil National de la Communication, CNC, de 2019, les femmes journalistes enregistrées au Cnc étaient à 30%. Et les femmes qui occupent les postes de responsabilité étaient autour de 9%.
Les défis
L’AFJO a également des défis qui persistent, notamment la voix de la femme qui reste minoritaire dans les médias, les sujets en rapport avec les violences sexuelles et basées sur le genre ne sont pas suffisamment traités par les médias, certaines femmes burundaises fuient encore le micro, la persistance des stéréotypes sexistes dans les médias, certains médias diffusent des chansons qui incitent aux violences basées sur le genre, le manque d’estime de soi chez la femme, le phénomène du harcèlement en milieux du travail, les jeunes journalistes éprouvent un besoin de renforcement des capacités dans les thématiques relatives au journalisme, y compris le journalisme sensible au genre, etc.
N.P. Quelles sont les perspectives d’avenir de votre association ?
D.N. L’Afjo, pour les perspectives d’avenir, privilégie des axes d’intervention.
1. Renforcement des capacités. Il s’agit de former les journalistes sur les techniques d’animation radio et production d’un magazine radio, l’écriture journalistique, l’intégration du genre dans les productions médiatiques, les principes fondamentaux de la gestion des organisations.
2. Promotion et défense des droits humains et de l’équité genre. Organiser le « Prix Genre et médias », celui-là sera décerné aux gagnants la semaine prochaine, le 10/05/2022, produire des messages radios pour sensibiliser et mobiliser la communauté sur les besoins et préoccupations du moment, réaliser la production médiatique sur des sujets d’actualité qui concernent les femmes/filles, effectuer des rencontres de plaidoyer pour la prise en compte du genre dans les médias et dans les programmes de développement de ma communication, participer aux journées nationales et internationales de la radio, de la femme, de la presse, de la femme africaine, de la paix, de la femme rurale, de la fille, de la lutte contre les violences basées sur le genre, etc.
3. Autonomisation de la femme burundaise
Sensibiliser les femmes journalistes sur la culture entrepreneuriale, former des journalistes sur l’élaboration d’un plan d’affaire et comment trouver l’idée d’entreprise de presse intégrant le genre, inciter les membres à initier un projet commun générateur de revenus pour les membres et pour l’Association.
4. Contribution à l’amélioration d’un environnement médiatique responsable pour le développement durable
Sensibiliser les administratifs à la base sur l’éducation sur la Rôle et l’importance des médias, faire des réunions de plaidoyer pour l’intégration de la dimension genre dans l’élaboration des politiques programmes et documents en rapport avec la communication et médias, organiser une rencontre de suivi de la mise en œuvre de la charte des médias sensibles au genre par le Ministre de la communication, le président du CNC, les responsables des médias.
Recommandations
Pour venir à bout, l’AFJO demande au gouvernement d’intégrer les aspects et dimension genre dans la loi sur la presse en cours de révision, d’appuyer les médias, à travers le fonds d’appui aux médias, tout en tenant compte des besoins des hommes et des femmes, de tenir compte de l’équité genre dans les programmes de communication et des médias.
Aux responsables des médias, il est recommandé de mettre en place un code de conduite pour prévenir le harcèlement en milieu du travail, de considérer les hommes et les gemmes au même pied d’égalité dans la collecte, le traitement et la diffusion de l’information, de ne pas diffuser des programmes qui incitent à la violence.
Aux femmes et filles journalistes, il est demande de faire preuve de professionnalisme dans leur travail et de contribuer à la promotion du leadership féminin dans les médias.
Propos recueillis par Jean Claude Kavumbagu