Avec un peu de recul, le Parti pour le Redressement National PARENA-IMBOGORABURUNDI constate que Jean Baptiste BAGAZA est devenu par la force des choses, un Président-Etalon, une référence par rapport à laquelle tout dirigeant de ce pays devra désormais se comparer pour évaluer sa propre action à la tête du pays. Il est cependant très difficile de parler de l’action de la deuxième république à l’aide d’un seul article de presse.
Dans ce papier, nous allons juste évoquer quelques actions. Sinon si on devait synthétiser son action dans une seule phrase, on dirait que, même le peu d’éthique et d’infrastructures visibles qui restent dans ce pays remontent de son temps. A son arrivée au pouvoir, il a anticipé les désordres que pourraient créer les conséquences des événements passés sous les anciens régimes et a apporté des réponses adéquates.
Il a notamment signé un décret-loi réintégrant dans leurs droits les personnes ayant quitté le pays suite aux événements de 1972 et 1973. Cette empathie pour les réfugiés a poussé plus de 180.000 d’entre eux à rentrer au pays et parmi lesquels on trouve des personnalités qui allaient devenir plus tard des successeurs lointains du Président Jean-Baptiste BAGAZA lui-même. On peut citer entre autre Melchior NDADAYE qui lui a par la suite rendu la pareille une fois devenu Président de la République pendant qu’à son tour Jean-Baptiste BAGAZA était réfugié en Libye.
Il a également signé un décret-loi portant abolition des institutions d’UBUGEREGWA, UBUGABIRE et INDONGORANYWA. Le Code de la famille promulgué quelques années après venait stabiliser les ménages en prolongement à l’abolition des INDOGORANYWA. Les droits de la femme qui étaient jusque-là très vagues ont été précisés. Sinon, au niveau global, l’action de la deuxième République a consisté à structurer l’Etat en Ministères avec des politiques cohérentes au sein de chaque Ministère d’une part, et pour l’ensemble du pays d’autre part.
EDUCATION.
Avec le financement de la Banque Mondiale, la deuxième République a d’abord créé le BPE (Bureau des Projets Education) qui avait pour mission de construire des écoles partout dans le pays, y compris des EFI (Ecole de Formation des Instituteurs) qui auront des effets multiplicateurs dans l’accroissement des taux de scolarisation très bas à l’époque.
Parallèlement à cela, il a créé la Régie des Productions Pédagogiques (RPP) pour la production des livres conçus par les Bureaux Pédagogiques qu’elle venait également de mettre en place. Au niveau de l’enseignement supérieur, outre l’agrandissement des capacités d’accueil des homes universitaires, elle a permis à l’Université du Burundi de sortir les premiers ingénieurs civils et les premiers médecins tout en agrandissant et enrichissant la Bibliothèque de l’Université.
La qualité de l’enseignement était telle que tout lauréat qu’il soit du secondaire ou de l’université embrasse le cycle suivant dans n’importe quel système éducatif du monde sans complexe aucun.
AGRICULTURE.
Pour lutter contre la faim qui sévissait jusque-là et développer des cultures de rapport, elle a créé les sociétés régionales de développement (SRD KIRIMIRO, BUYENZI, IMBO, RUMONGE et MUGAMBA avec la Culture Vivrière en Haute Altitude, etc) pour spécialiser chaque région suivant ses potentialités. Ces Sociétés régionales de développement s’occupaient également des traçages des pistes rurales qui faciliteront la circulation des biens et des personnes au moment des échanges interrégionaux.
Pour maximiser le succès dans ce secteur, en plus de la faculté d’agronomie, elle a renforcé l’ISABU qui faisait des recherches agricoles. Elle a créé l’ISA (Institut Supérieur d’Agriculture) pour former des Techniciens de la mécanisation agricole. Elle a négocié dans le cadre de la CEPGL le siège de l’IRAZ (Institut des Recherches Agricoles et Zootechniques).
Un Centre Météorologique Mondial pour l’Afrique a eu son bureau au Burundi à cette fin également. Au niveau des Cultures de Rapport, la production du Café a atteint à un certain moment, 40 000 tonnes. L’entretien des cotonniers se faisait par petits porteurs interposés. Les nouvelles générations pourraient ne pas y croire.
ENVIRONNEMENT ET TOURISME.
Elle a créé l’INCN (INSTITUT NATIONAL DE CONSERVATION DE LA NATURE) qui a délimité les parcs et réserves naturelles (KIBIRA, RUVUBU, KIGWENA, BURURI, VYANDA, RUSIZI etc).
Elle a planté des arbres partout dans le pays dont certaines essences devraient servir de matière première pour l’industrie de la pâte à papier. Elles sont actuellement exploitées frauduleusement pour être vendues à DUBAI via la Tanzanie pour servir d’emballage des produits fragiles lors de leur exportation.
En matière de tourisme, des Hôtels comme Club des Vacances, Novotel et Méridien ont été construits. A priori on pourrait dire qu’elle a construit peu d’hôtels. Mais lorsqu’on sait que ce domaine ne relève pas de la vocation première de l’Etat, c’est même beaucoup du moins à son époque.
SANTE.
En plus de la construction des Hôpitaux comme Roi Khaled, Hôpital Militaire, Hôpital de Mutaho, Makamba, Rutovu etc, elle a lutté contre la mortalité Infantile par la formation des sages-femmes et l’introduction du programme élargi de vaccination. Elle a créé la Mutuelle de santé pour les fonctionnaires et la carte d’assurance maladie pour les autres personnes.
Elle a construit une usine pour la production du médicament sur place (ONAPHA) afin de rendre ce dernier accessible à tous. L’incidence de cette politique de santé sur l’accroissement de la population n’a pas été perçue par les gouvernements qui ont suivi pour adopter une politique de la population conséquente.
TRAVAUX PUBLICS ET HABITAT.
Au niveau des routes, beaucoup d’entre elles ont été bitumées. On peut citer la RN7 Bujumbura-Source du Nil ; la RN3 Bujumbura-Nyanza-lac ; RN5 Bujumbura-Cibitoke ; Route Minago-Tora ; RN8 Gitega - Gihofi ; Kayanza-Kanyaru ; RN6 Kayanza-Ngozi, Rugombo-Kayanza (113 km) ; RN 9 Bujumbura - Muzinda etc.
Au niveau de l’Habitat urbain, une politique de construction des logements en location-vente pour les fonctionnaires a été menée. Des sites comme Ngagara Q6, Mutanga-Sud, Jabe et Kinindo ont été construits à Bujumbura. Des constructions similaires ont eu lieu également aux chefs-lieux des provinces de Ngozi et de Gitega.
Des Services Publics ont été créés pour perpétuer cette politique. Il s’agit de la SIP (Société Immobilière Publique), de l’ONL (Office National du Logement) et de l’ECOSAT (Encadrement des Constructions Sociales et Aménagement des Terrains), DUB dont la mission portait sur la coordination des interventions en matière de logement, d’emploi, d’équipement collectifs de services municipaux en vue de satisfaire pour les quartiers à faire aux besoins des populations à faible revenu de la ville de Bujumbura.
Au niveau de l’Habitat Rural, la politique qui a réussi est la lutte contre les maisons en toiture de chaume. Par contre le regroupement en village n’a pas eu cette chance. Il y a lieu d’évoquer ici que le Président BAGAZA avait construit sa villa avec une toiture en tuiles pour inciter les Burundais à faire de même. Le but de cette action était de créer des emplois pour les fabricants des tuiles, mais aussi pour encourager le recours à l’emploi des matériaux locaux de construction qui limiterait l’importation des tuiles qui coûtent cher en devises.
ENERGIE ET MINES.
A son époque, le secteur des Mines était très peu exploité et il le reste par ailleurs même aujourd’hui. Pour une exploitation rationnelle le moment venu, la deuxième République a d’abord octroyé des bourses à des étudiants burundais dans le domaine de la géologie et des mines. Malheureusement, cet investissement n’a pas servi à grand-chose par la faute des successeurs du Président BAGAZA.
Parallèlement à la préparation des ressources humaines, la deuxième République a fait une grande préparation matérielle. En plus d’autres utilisations du courant électrique, l’exploitation du secteur des mines nécessite beaucoup de courant électrique.
C’est dans ce cadre que beaucoup de barrages hydro-électriques ont été construits. On peut citer RWEGURA, MUGERE, NYEMANGA, GIKONGE sur la MUBARAZI à Muramvya, KAYENZI à Muyinga, RUZIZI II etc. Les études pour la construction des barrages, actuellement en souffrance, ont été faites déjà sous son régime. Il s’agit notamment des barrages JIJI-MUREMBWE et CABU 16. Depuis cette époque, plus rien n’a été fait dans le même sens. Pour dire qu’en matière de production de courant électrique, le Burundi accuse un retard de 46 ans.
COMMERCE ET INDUSTRIE.
Pour le commerce international, le Président BAGAZA a été très actif dans la création d’une zone d’échange préférentielle, au point d’abriter la banque de la ZEP regroupant les pays de l’actuel EAC et de la SADC. Les Unités Industrielles pour lesquelles elle cherchait des débouchés ont pu être construites. On peut citer notamment le COTEBU, la BRAGITA, LA VERRUNDI, La SOSUMO, L’HUILERIE DE RUMONGE, Les USINES à THE d’IJENDA et BUHORO, les USINES A CAFE dans tout le pays etc.
On ne saurait pas tout dire sur ses réalisations tellement elles sont nombreuses. Pour la stabilisation des prix des denrées alimentaires, elle a construit des Silos. Quant aux produits pétroliers, elle a construit le parc pétrolier de Gitega.
GESTION DES CONFLITS.
Au niveau des problèmes, il a eu des incompréhensions avec l’Eglise Catholique. Mais là aussi, il a su limiter les dégâts. Il a tout fait pour que ni les Fidèles, ni les Séminaristes, ni les Prêtres, encore moins les Evêques et Nonce Apostolique ne soient tués comme cela s’est passé sous son Successeur, qui prétendait pourtant restaurer les droits de l’Eglise Catholique bafoués sous le régime BAGAZA.
Propos recueillis par Jean-Claude Kavumbagu.