
Une conférence internationale sur les droits de l’homme sur internet vient de se tenir dans la ville de Goma, à l’Est de la République Démocratique du Congo, du 5 au 6 novembre de cette année. Net Press y avait dépêché un envoyé spécial et il a pu rencontrer Monsieur Espoir Ngalukiye, un jeune activiste de la société civile au sein du mouvement citoyen LUCHA (Lutte pour le Changement). Ce dernier a bien voulu nous accorder un moment de son temps pour nous parler de la situation de son pays à la veille des élections de décembre.
L’on devrait signaler que Goma est taxé de fief de l’opposition. Les proches du pouvoir n’aiment pas parler. C’est dans ce contexte que l’on n’a pas pu parler avec eux. Mais dans l’entre-temps, nous apprenons qu’il y beaucoup d’insécurité dans cette ville. Il semble que des jeunes proches du pouvoir malmènent les gens le soir et n’hésitent même pas à entrer dans les ménages pour soutirer de l’argent
NP : Pourquoi êtes-vous ici ?
EN : Je suis ici pour participer à une conférence organisée par Rudi International et CIPESA. Je suis ici pour participer à une conférence sur la nouvelle technologie car elle fait aujourd’hui partie de la vie de la personne humaine. Enfin, je suis ici pour exercer mon droit d’expression en matière des droits de l’homme à l’ère du numérique.
Je suis ici aussi pour convaincre les autres participants que la lutte pour la nation ne se fait pas seulement en ligne, c’est aussi dans la rue pour exprimer notre point de vue publiquemebt et dans la non-violence.
NP : Est-ce que vous ne vous cachez pas derrière le concept des droits de l’homme pour faire de la politique ?
EN : Il ne faut perdre de vue que la politique est également un terrain où les activistes des droits de l’homme se rendent régulièrement. Par ailleurs, certains des politiciens ont été dans la société civile. Pour changer les choses, l’on doit s’intégrer dans l’une des trois options qui sont la politique, les affaires ou société civile. Les gens qui gagnent rapidement de l’argent,ce sont ceux qui entrent en politique après les deux autres orientations. Malheureusement c’est souvent une réussite due aux detournements des biens publics.
NP : Parlons des élections du mois prochain.
EN : je pense qu’Elles n’auront pas lieu car il y a un manque de consensus sur nombreuses questions dont l’utilisation de la machine à voter, la violations des libertés publiques et de la loi. En outre, les autorités ont peur de perdre les élections car tous les sondages donnent la victoire à l’opposition. Je crains aussi que nous puissions subir les violences comme au Burundi ou au Kenya en 2007.
NP : Il semble que la République Démocratique du Congo n’a pas encore fait de recensement de sa population. Quel est le blocage ?
EN : Oui, le dernier recensement date de 1987 ou 1984, en lieu et place du recensement, les dirigeants se focalisent beaucoup plus à donner la priorité a l’enrollement des électeurs. Au Congo nous n’avons pas de carte d’identité nationale,elle est remplacé par les passeports ou la carte d’electeur.
NP : Dans ces conditions, il ne peut pas y avoir des élections transparentes et crédibles.
EN : Non. Si ces elections seront organisées, il est sur qu’ils seront suivies par des violences enormes ou un dialogue politique afin de diviser l’opposition, de retarder les élections et de continuer le regne de Kabila. Moi je soutiens que nous puissions avoir une transition citoyenne sans Kabila qui sera diriger par les personalités de la société civile et qui ne seront pas de Candidats aux prochaines élections.
NP : Qui est devant dans les sondages ?
EN : L’opposition. Jusqu’à présent, l’on présente Tschisekedi comme étant le favori dans les sondages.
NP : Qui participent
EN : Il y a plusieurs candidats mais les gros poissons ne sont pas sur la liste. C’est le cas de Jean Pierre Bemba et de Moïse Gatumbi
NP : C’est confirmé que Kabila ne se représente pas ?
EN : C’est ce qui est dit jusqu’ici. En outre, il n’a pas déposé sa candidature.
ce n’est pas un cadrau qu’il a donné aux Congolais,il est dans l"obligation de ne pas deposer la candidature car ayant déjà epuisé les deux mandats.
NP : Qui le représente ?
EN : Il s’appelle Emmanuel Shadari. Mais cela sonne comme une continuité car ce sera du Kabila sans Kabila. C’est quelqu’un qui peut se faire dicter par le président sortant pour sauvegarder ses intérêts.
Mais aussi il n’est pas très connu par la population, le régime en place utilose les moyens de l’Etat pour le faire connaitre à tout prix.
NP : Dans le séminaire sur Internet à l’ère du numérique, un paneliste a informé l’assistance que lors des échéances politiques, l’internet est souvent coupé. Avez vous le sentiment que ce sera la même chose au mois de décembre ?
EN : Il ne peut pas en être autrement, c’est la stratégie des hommes au pouvoir.
NP : Et si le camp de Kabila gagne, y aura-t-il des manifestations, avez-vous des inquiétudes ?
EN : Au cas où les élections auraient lieu et que la partie de Kabila gagne, ce sera par tricherie. La crainte est qu’il peut y avoir des violences. Et dans ces conditions, le pouvoir va tout faire pour diviser opposants, semer la terreur, retarder les élections,
Propos recueillis par Jean Claude Kavumbagu